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Rabelais, Gargantua

Fiche de lecture, citations pour la dissertation, lexique et biographie de l'auteur. Documents nécessaires pour le baccalauréat de français 2024/2025.
Instructeur
Juliette MFDF
109 Étudiants Inscrit
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Rabelais

Fiche de lecture

Gargantua

Titre: Gargantua

Auteur: Rabelais

Date de parution: 1534

Genre: Roman

Plan de la fiche:

I Présentation de l’auteur

II Contexte de l’oeuvre

III Découpage

IV Personnages principaux

V Résumé détaillé

VI  Thèmes importants

VII Moments clés

VIII Conclusion

I Présentation de l’auteur:

François Rabelais est né en 1494 près de Chinon, en France. Son père était avocat. Nous ignorons le lieu et la date de sa naissance. De 27 à 33 ans, Rabelais est moine, d’abord à Fontenay-le-Comte puis dans d’autres abbayes. On sait qu’il écrit et parle le latin et le grec. Il échange avec Guillaume Budé, traduit Hérodote. Rabelais se passionne pour le droit. Après avoir changé d’ordre monastique en 1524, Rabelais quitte définitivement l’habit de moine et se rend à Paris puis à Montpellier pour y faire des études de médecine. Il apprend l’anatomie, la physiologie, la physique avec des auteurs grecs et latins: Aristote, Pline. Il arrivera même à enseigner la médecine. Il meurt à Meudon en 1553.

II Contexte de l’oeuvre:

A l’époque où Rabelais publie Gargantua, les puissances de l’Europe sont françaises (François I er), espagnoles (Charles Quint) et anglaises (Henri VIII). Les rois d’Espagne et de France en particulier se disputent l’Europe dans des conflits sans fin. A bien des égards, on peut reconnaître Charles Quint dans le personnage de Pichocrole, l’ennemi de Gargantua. D’un point de vue religieux, les années 1533 et 1534 sont marquées par les « placards », des textes anti-catholiques circulant à Paris. D’un point de vue littéraire, ces années sont considérées comme un véritable foisonnement d’idées et d’échanges. Les poètes Ronsard et Clément Marot célèbrent un épicurisme que l’on retrouve chez Rabelais. Montaigne ou Agrippa d’Aubigné écrivent à propos d’une vie saine, aux prises de l’amour, où la connaissance et les savoirs rendent la vie meilleure. Ce sera le siècle de l’humanisme (voir mot-clé).

III Découpage:

Un prologue, 58 chapitres.

IV Personnages principaux:

Gargantua: héros du roman, c’est un géant. Il est le fils de Grandgousier et Gargamelle, ses parents. D’abord élevé par les sophistes à Paris, il est ensuite éduqué par Ponocrates qui l’éduque de manière humaniste. Il s’illustre à la guerre contre Pichocrole.

Ponocrates: c’est le professeur de Gargantua. Il s’occupe de l’éduquer selon les principes humanistes chers à Rabelais.

Frère Jean: Frère Jean est un moine qui s’illustrera dans la guerre contre Pichocrole. Il n’hésite pas à se battre. A la fin du livre, pour le remercier de son courage au combat, Gargantua lui offre l’abbaye de Thélème.

V Résumé détaillé:

Gargantua débute par un Avis au lecteurs et un Prologue de l’auteur. Gargantua est rédigé par un certain M. Alcofribas, dont nous ne connaissons pas l’identité. Le premier texte est un épigramme sous forme de dizain: dix vers s’adressant au lecteur pour introduire le livre qui s’ouvre entre nos mains. Il y est annoncé l’une des phrases les plus importantes du livre « rire est le propre de l’homme ». Gargantua sera donc placé sous le signe de l’humour. Le Prologue est cette fois-ci une lettre adressée au lecteur, de la part d’Alcofribas. Il est rempli de réflexions philosophiques et littéraires (Platon, Homère, Ovide). L’auteur se compare aux grands auteurs qu’il nomme. Il invite le lecteur à boire à sa santé et à ne pas se prendre au sérieux.

Le chapitre 1 débute par un apostrophe au lecteur: ce dernier peut se référer à la Grande Chronique pantagruélique pour connaître les origines de Gargantua. Le narrateur utilise la première personne pour parler au lecteur. Le narrateur rappelle avec humour l’intérêt de connaître sa généalogie. Le texte de la Grande Chronique a été trouvé aux abords de la Vienne: nous sommes donc en France.

Le chapitre 2 est composé d’un poème qui est comme une énigme pour le lecteur. On y comprend que l’auteur se compare à d’autres héros connus, comme Ulysse par exemple. On note aussi le vocabulaire religieux qui annonce les critiques à propos de l’église. Enfin, les énigmes et jeux de mots étant à la mode à la cour du roi de cette époque, on peut aussi voir ce poème comme un jeu de mots, un message codé à l’intention du lecteur et faisant écho à une énigme clôturant le livre au chapitre 58. Gargantua est en effet encadré par deux énigmes.

C’est au chapitre 3 que le lecteur entre véritablement dans le vif du sujet. Le narrateur rappelle que Gargantua fut porté onze mois dans le ventre de sa mère. Il est le fils de Grandgousier et de Gargamelle, décrite comme « un beau brin de fille à la bonne trogne ». Quand l’auteur s’insurge contre les détracteurs l’accusant de mensonge quant aux onze mois de grossesse, il se réfère à des textes scientifiques et antiques: Pline, Plaute, par exemple.

Le chapitre 4 indique qu’enceinte, Gargamelle mange des tripes (intestins) à profusion et que tous font la fête lors d’un dîner fameux. Alors que Grandgousier rappelle à sa femme que les intestins transportent la matière fécale, le narrateur commente à quel point Gargamelle doit en être remplie après son repas. La scatologie s’inscrit comme un élément récurrent du livre. Les façons qu’ont les invités de demander à boire sont retranscrites dans le chapitre 5.

Comme sa mère est malade à cause des tripes, Gargantua sort par l’oreille de cette dernière. Le narrateur se justifie en faisant la liste des hommes ou des dieux nés de façon originale (Bacchus de la cuisse de Jupiter, par exemple). Dès les premières secondes de sa vie, Gargantua hurle « à boire! à boire! ».

Comme cette exclamation est étonnante, son père lui répond « Que grand tu as! », en référence au gosier de son fils. C’est ainsi que le jeune géant est nommé Gargantua. Ce dernier mange énormément, à tel point qu’il est allaité par 17913 vaches pendant pendant un an et dix mois. Dans le chapitre 8, son père décide de le vêtir uniquement de blanc et de bleu: « Car le blanc lui signifiait joie, plaisir, délices, et réjouissance, et le bleu, choses célestes ». Le narrateur énumère la quantité précise de tous les tissus qu’ont nécessité les habits. Les chapitres 9 et 10 sont consacrés à la justification du choix de ces couleurs.

De ses trois ans à cinq ans, Gargantua ne cesse de manger et de dormir. Son enfance est passée dehors avec d’autres enfants. Il étonne son père en lui expliquant – sous la forme d’une poésie – le moyen qu’il a trouvé de se torcher le derrière. Son père est très impressionné par l’ingéniosité de son fils. C’est ainsi que Gargantua est instruit dans d’autres matières par toute une série de pédagogues, comme maître Holoferne et maître J. Bridé. C’est l’occasion pour l’auteur de se moquer de leurs noms et de leur prétendue érudition. Le pédagogue choisi pour Gargantua est Ponocrates. C’est sur le dos d’une énorme jument que Gargantua arrive à Paris.

Au chapitre 17, Gargantua urine sur les parisiens et vole les cloches de Notre-Dame de Paris. Gargantua est éduqué par Ponocrates à Paris. C’est un élève appliqué qui aime jouer aux cartes dans son temps libre. Le chapitre 22 nous fait la liste des jeux de cartes que Gargantua aime. Comme il boit et mange beaucoup, Ponocrates tente de lui enseigner selon une autre méthode. Il décide de le faire se lever plus tôt dans la journée (quatre ou cinq heures du matin). Son nouveau maître prend le temps de regarder autour de lui pour s’instruire de tout ce qu’il voit. Gargantua passe tout son temps à lire et à discuter de ce qu’il apprend avec son maître. Le jeune géant devient un jeune homme véritablement éclairé. On enseigne aussi à Gargantua à se battre à la lance, comme un véritable chevalier. Gargantua se renseigne aussi sur les différents métiers: il rend visite aux artisans pour les regarder faire et apprendre d’eux.

Des paysans se battent pour une fouace (du pain) et en résulte une guerre. Un peu plus tard, le seigneur Pichocrole déclare la guerre à Gargantua et à ses proches. Pendant la guerre, Frère Jean, un moine, s’illustre au combat contre les ennemis. Lorsque Grandgousier apprend que ses terres ont été saccagées par Pichocrole, il n’est pas en colère. L’auteur montre qu’il réagit avec prudence, calme, et essaie de raisonner au mieux. Grandgousier essaie de parler à son ennemi pour faire la paix et empêcher la guerre. Dans le chapitre 29, Grandgousier écrit à Gargantua pour lui expliquer la situation. Il lui demande de quitter Paris afin de venir l’aider. Grangousier envoie des présents à Pichocrole dans le but d’obtenir la paix. Gargantua quitte Paris dès qu’il obtient la lettre de son père et se rend à la guerre.

A la guerre, Gargantua se fait attaquer, mais il croit que les projectiles sont des pépins de raisin. Il passe le val de Vède. Lorsqu’il arrive chez lui, son père et sa mère sont très contents de le voir. En se peignant, il évite les boulets de canon qui lui sont projetés dessus. Alors qu’il souhaite manger une salade, il avale des pèlerins qui s’étaient cachés dedans par inadvertance. Gargantua, ses parents et les moines fêtent Frère Jean et ses exploits au combat. S’en suit une discussion pour savoir pourquoi les moines vivent retirés du monde. Chaque convive donne son avis: la discussion est éclairée, drôle. La guerre continue de plus belle. Grandgousier essaie d’éviter les combats avec Picrochole.

Toucquedillon, un proche de Pichocrole, est interrogé par Grandgousier. Ce dernier le traite humainement, mais il le trahit et retourne dans le camp des ennemis. Dans les chapitres 48 et 49, Gargantua réussit à gagner la guerre. Gargantua fait une harangue aux vaincus. Il les laisse partir et leur pardonne leurs actes. Il fait preuve de bienveillance: Gargantua apparaît comme un seigneur accompli.

Afin de récompenser Frère Jean de ses exploits au combat, Gargantua décide de lui faire construire une abbaye. Cette abbaye s’appelle l’abbaye de Thélème et Gargantua et Frère Jean en dictent les règles de vie. L’endroit apparait comme une utopie: les femmes  y sont admises, et tous peuvent venir y vivre. Dans les tours qui constituent l’abbaye sont des bibliothèques remplies de livres en latin, mais aussi en espagnol ou en italien. Le chapitre 54 relate ce qui est inscrit sur la porte de l’abbaye de Thélème. Les chapitres suivants relatent la vie raffinée des habitants de l’abbaye. On peut en résumer le principe fondateur: « Fais ce que voudras ». Le roman se clôt sur une énigme (clin d’oeil à celle du chapitre 2 qui ouvre le roman).

VI  Thèmes importants:

Le gigantisme est l’un des grands thèmes de l’oeuvre. L’auteur en exploite les effets comiques qui résultent de la disproportion des géants face aux hommes de taille normale. Mais c’est toute la vie de Gargantua qui apparaît comme disproportionnée, que ce soit dans les textes qui régissent son éducation, sa mémoire prodigieuse, ou encore ses exploits guerriers.

Le réalisme des habitudes de vie au Moyen-Age rend le livre particulièrement intéressant d’un point de vue historique. Que ce soit à Paris, dans les milieux étudiants, à la campagne, les milieux paysans et étudiants sont décrits avec grande précision par l’auteur.

Pichocrole apparaît comme l’emblème de la satire contre la guerre et les princes avides de conquêtes. La critique de la colère de Pichocrole complète la satire.

Enfin, le comique est le dernier thème important de Gargantua. Rabelais est un maître de l’invention des mots qui serviront au comique. La veine du « très bas », concernant les passages franchement scatologiques, participe au comique.

VII Moment clé:

Il serait vain de réduire cette oeuvre immense à un seul passage. Néanmoins, le Prologue apparaît comme un moment-clé tant il introduit le livre dans toute sa richesse. Dans cet avertissement en vers, l’auteur présente au lecteur la substantifique moelle » de son texte. Loin de n’être qu’une liste de plaisanteries, l’auteur se veut sérieux, il veut instruire et une grande sagesse se cache derrière l’humour.

VIII Conclusion:

Rabelais utilise les armes de l’humanisme et du comique pour nous présenter ses géants. Ces derniers deviennent attachants et le but principal est atteint: c’est notre vie que nous regardons à travers leurs yeux.